Lors d’un débat sur la chaîne NCI, l’économiste ivoirien Moustapha Fofana a estimé que les crises internationales, notamment celles en Ukraine et à Gaza, expliquent la décision du président Alassane Ouattara de briguer un nouveau mandat.

Le 29 juillet dernier, en annonçant sa candidature – validée depuis le 8 septembre par le Conseil constitutionnel – à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, le chef de l’État sortant avait invoqué des défis “sécuritaires, économiques et monétaires sans précédent” nécessitant “de l’expérience” pour être surmontés.
Le défi monétaire : le franc CFA au cœur du débat
Invité sur le plateau de NCI ce 8 octobre, Moustapha Fofana a d’abord souligné l’importance du défi monétaire. “Il y a un débat autour du franc CFA”, a-t-il expliqué.
Depuis 2019, les quinze pays africains membres de la zone franc projettent de remplacer le franc CFA par une monnaie commune, l’ECO, initialement prévue pour 2020. Mais le projet reste en suspens, en raison de désaccords entre pays francophones et anglophones et d’un rapprochement jugé trop étroit avec la France. La nouvelle échéance est désormais fixée à 2027.
Les crises internationales : Ukraine et Gaza en toile de fond
Selon Moustapha Fofana, un autre facteur déterminant réside dans la géopolitique mondiale. “Il faut dire qu’il y a la crise en Ukraine, la crise de Gaza… Toutes ces crises ont un impact sur l’économie de notre pays.”
Le conflit russo-ukrainien, déclenché en février 2022, a provoqué une flambée mondiale des prix du blé, du pétrole et des engrais, fragilisant de nombreuses économies africaines. En Côte d’Ivoire, si la majorité du blé provient de France, une part importante des importations dépend encore de la Russie (15,6 %) et de l’Ukraine (37,4 % pour les engrais), selon la BCEAO (2022).
Concernant le conflit à Gaza, l’économiste a évoqué un véritable “effet papillon” : “Une crise dans un endroit reculé du monde peut impacter la Côte d’Ivoire, car notre pays ne vit pas en autarcie.”
Le regain de tensions entre Israël et le Hamas depuis octobre 2023 perturbe les routes maritimes et alimente l’instabilité des marchés énergétiques. La Banque mondiale a d’ailleurs averti qu’un prolongement du conflit pourrait faire grimper le prix du pétrole jusqu’à 150 dollars le baril, entraînant une flambée des prix alimentaires et aggravant l’insécurité alimentaire mondiale.
Lire aussi : Côte d’Ivoire : les agents des Eaux et Forêts en grève du 15 au 17 octobre
La menace terroriste dans la sous-région
Enfin, Moustapha Fofana a rappelé que la crise du terrorisme dans la sous-région ouest-africaine s’ajoute à ces difficultés.
“Lorsque le président parle de défis, c’est lié à tous ces éléments-là”, a-t-il conclu.
Par Kevin AKA
