Chroniques d’un déguerpissement absurde/Quand la politique fait voler en éclats les œufs de l’omelette sociale
Dans le grand cirque de la politique locale, voici venir le spectacle saisissant du déguerpissement, où les autorités communales et le district autonome d’Abidjan jouent les acrobates de l’abus de pouvoir. Imaginez-vous, chers spectateurs, être réveillés par le grondement des engins de chantier, les Caterpillars, et par les odeurs entêtantes des gaz lacrymogènes des forces de l’ordre, paradoxalement abonnées au désordre, un réveil matinal qui donne une toute nouvelle signification au terme “réveil musclé”.
À Bramakoté et Yopougon Gesco, les habitants, qui ont pourtant élu ces acteurs pour assurer leur bien-être social, ont été servis en première partie de saison. En plein milieu de la rentrée scolaire, voilà des écoles qui disparaissent, avalées par les pelleteuses, au nom de l’embellissement de la ville. On pourrait presque entendre le refrain ironique “Au revoir, ma chère école, bonjour, belle façade !”. Car, oui, il semblerait que pour certains, la misère soit plus supportable lorsqu’elle est cachée derrière un joli rideau de béton.
Un défenseur zélé du pouvoir m’a récemment affirmé qu’on ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs. Ah, la métaphore culinaire au service de l’argumentation politique ! Mais, chers amis, il est bon de rappeler que pour réussir une omelette, il ne suffit pas de casser les œufs, il faut aussi allumer le feu et surveiller la cuisson. Et là, j’ai bien peur que nos cuisiniers en chef ne se soient un peu trop emballés sur le feu et aient brûlé l’omelette…
Car derrière ces démolitions, c’est le visage inhumain des autorités publiques qui se dessine, face à la détresse de ceux qui ne demandent qu’un petit coin de terre pour survivre. Alors, Messieurs les dirigeants, rendez-vous au prochain quinquennat, en espérant que vous n’ayez pas oublié que les nouveaux-nés ne votent pas. Mais qui sait, peut-être trouverez-vous le moyen de leur demander de le faire, après tout, on n’est plus à une absurdité près dans ce grand théâtre de l’absurde qu’est parfois la politique.
Akina Dekouassi
Journaliste Écrivain
Chroniqueur
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